Présentation du projet
La fascination du pouvoir créateur de la dégradation naturelle ou intentionnelle de l’image et de l’objet constitue la majeure partie de mon projet de peintre. C’est la fragilité d’une surface peinte qui m’attire. Regarder une toile dans les musées et constater les effets de la lumière qui assombrissent la pellicule de peinture, ou les changements atmosphériques qui craquellent sa surface, est une double expérience pour moi. Je suis confronté à un sentiment de déception dû à la quasi-destruction de l’image, à l’origine soigneusement construite, et en même temps traversé par l’expérience de la naissance d’un nouvel objet dû cette fois au passage du temps, avec ses traumatismes et ses défauts.
Ainsi, ma dernière exposition personnelle à La Serre, Saint-Étienne a exploré les sujets de l’erosion et de la destruction de multiples façons visuelles et dimensionnelles. La première partie de cette exposition a été l’exécution de la peinture sur des surfaces ayant témoignées d’une accumulation de matière, suivi par un temps de l’altération, qui a fait place enfin à l’effacement. À la fin des cinq semaines de cette exposition, les œuvres amenées sur place sont parties, mais surtout six interventions in situ ont été complètement effacées par plusieurs couches de peinture blanche ou oblitérées totalement de leurs supports. Cette partie de l’exposition fut capitale, car elle a non seulement complété le processus de la dégradation, mais elle a aussi mis en relief la nature unique, transitoire et fragile de plus de la moitié des pièces montrées.
Afin de continuer ma recherche de plasticien, les projets à venir vont expérimenter la mise en scène de l’érosion de l’image à travers différentes formes et espaces, conduisant ainsi les observateurs vers des interventions qui se fixent, se dissipent, s’effacent puis enfin disparaissent ne laissant place qu’au vestige, témoin de leur passage éphémère.
Zach Mitlas, septembre 2017
/
(EN)
Project presentation
A fascination with the creative potential of natural and intentional degradations of the image and object constitutes a major part of my painting project. It is the fragile nature of the painted surface that is captivating to me. To see paintings in museums and to witness the damaging effects of light that blacken their paint film or the changing atmospheric conditions that crack the painting’s surface is an experience that brings up mixed responses. On the one hand, one is confronted with disappointment due to the partial destruction of the image, which in its time was carefully crafted. On the other, there is an exciting aspect about the birth of a new object, this time due to the passage of time, including the new form’s trauma and defects.
With this in mind, my last solo show for La Serre, Saint-Étienne explored the subjects of erosion and destruction in various ways visually and dimensionally. The first part of this show consisted in the execution of paintings on supports that demonstrated an accumulation of material, followed by a series of degradations, which then gave way to various erasures. At the end of five weeks for this show, the pieces initially brought to the space left, but most importantly six in situ interventions were erased by several layers of whitewash and even completely scraped off from their support. This element of the show was essential, because it not only completed, in a sense, the process of erosion, but it also brought to the forefront the unique, transitory and fragile nature of the work presented.
As a continuation of my research as an artist, upcoming projects will investigate the staging of the erosion of images, sharing with the viewer forms which are brought together, taken apart, dissipated and vanished, only to leave a place for their vestige, just proof of their temporary existence.
Zach Mitlas, September 2017